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PSYCHIATRIE
Près de deux millions d’Algériens nécessitent une prise en charge
Source l'Authentique
Le professeur N. Sartorius, éminent épidémiologiste psychiatrique a affirmé jeudi à Alger, que la fréquence des maladies mentales en Algérie est “importante”, estimant que près de deux millions d’Algériens nécessitent une prise en charge psychiatrique conséquente.
“La fourchette va entre 3 pc et 7 pc de la population, soit un million et demi d’algériens qui doivent bénéficier d’un traitement psychiatrique”, a déclaré le professeur Sartorius ( suisse) en se referant aux résultats d’une étude médicale suisse sur les maladies mentales dans le monde.
S’exprimant en marge du Congrès international de psychiatrie, il a précisé que ces chiffres sont “modérés” par rapport à ceux donnés par une autre étude américaine qui estime la population souffrant de maladies mentales dans le pays entre 10 et 12%.
Il a par ailleurs expliqué que ces taux, quelque part biaisés car “beaucoup de malades ne sont pas déclarés par leur famille en raison des tabous ou simplement par ignorance, pensant qu’ils sont condamnés”.
Il a cependant relevé que la prise en charge des malades sera complexe et difficile en raison de “l’insuffisance des ressources” (hospitalier psychiatriques).
Sur ce point, le professeur a dénoncé le “laxisme” des pouvoirs publics pour investir dans la mise en place d’une véritable politique de santé mentale.
Contrairement aux idées reçues, “les maladies mentales, même dans sa forme la plus extrême, la schizophrénie, sont guérissables”, a-t-il fait remarquer. Avec une bonne prise en charge, selon lui, 1/3 des schizophrènes guérissent complètement et 1/3 guérissent mais avec un traitement à vie. “Il est faux de croire que les malades mentaux sont irrécupérables et investir dans la santé mentale c’est gaspiller de l’argent”, a-t-il insisté, en condamnant la stigmatisation de cette frange de malades.
Il a à l’inverse, insisté sur l’impératif de mettre en place des systèmes de santé adéquats qui correspondent à la réalité de la carte épidémiologique du pays. L’importance d’une politique de prise en charge psychiatrique a été également soulignée par le docteur S. Tayeb (EHS Chéraga) qui a indiqué que les rechutes chez les schizophrènes sont “très importantes”. “Ces rechutes sont d’autant plus graves qu’elles compliquent l’handicap du malade”, a-t-elle dit, en précisant que les schizophrènes occupent 60 pc des lits psychiatriques de l’hôpital. La fréquence des suicides est tout aussi élevée chez les schizophrènes.
Les recoupements de certaines études hospitalières montrent que 10 à 13 pc des sujets atteints de schizophrénie décèdent par suicide. Et le nombre de tentatives de suicide peut aller de 18 à 50 pc.
“Ces chiffres révèlent l’ampleur du travail qui reste encore à faire et sont un indicateur de la mauvaise santé mentale dans le pays”, a commenté le docteur M. Chakali de l’hôpital de Blida.
Chafik G.