Mostra de Venise : Un clown pionnier loin d’Alger
Parade est un hommage à Miloud Oukhili, clown algérien célèbre partout en Europe, mais qui ne figure sur aucun catalogue des manifestions culturelles en Algérie. Qui est ce Miloud Oukhili dont, personnellement, je n’avais jamais entendu parler ?
C’est d’abord un grand bonhomme dont le visage rayonne de noblesse artistique ; c’est ensuite un artiste hors du commun. Miloud Oukhili a débarqué un beau matin à Bucarest, capitale de la Roumanie, juste après l’ère tant honnie de Ceausescu. Et dans ce Bucarest en pleine anarchie post-dictature dans le début des années 1990, le clown célèbre a réuni autour de lui les gamins de la rue, les enfants abandonnés qui vivaient sous les ponts, volaient ou se prostituaient, ceux qu’on appelait les Boskettari. Avec ces gamins, Miloud a créé une compagnie de cirque ambulant qui fait depuis des années des tournées triomphales à travers l’Europe.
Créé difficilement contre la bureaucratie roumaine, ce cirque avait un seul message : solidarité avec les gamins sinistrés, espoir et amitié. Lors d’une tournée en Italie, Marco Pontecorvo a contacté Miloud Oukhili et a décidé de faire de son travail un film, fort applaudi à la Mostra. Sans être des modèles pour les cinéphiles endurcis, dans le programme de la Mostra, il y a ce film de l’écrivain mexicain Guillermo Arriaga Burning Plain, avec Charlize Theron et Kim Bassinger (ces stars ont provoqué une sérieuse bousculade de paparazzi au Lido).
L’histoire se passé dans une ville frontalière du Mexique et des Etats-Unis comme dans Babel qu’Arriaga a écrit aussi, le spectateur est entraîné dans un jeu trivial entre plusieurs personnages qui se croisent sans forcément se connaître, le film frôle parfois le roman-photo. Plus radical, le travail du Chinois Yu Lik-wai, dans Plastic City, saga violente dans le Sao Paulo où vivent deux larges communautés japonaise et chinoise et leur combat dans les bas-fonds de la mégalopolis brésilienne pour contrôler le marché noir. La mafia brésilienne et les politiciens corrompus de l’ère Lula Da Silva sont aussi sur les mêmes mauvais coups.
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